Alger veut le leadership de la lutte anti-AQMI

 










De notre envoyé Spécial à Bamako, Samuel Benshimon Que signifie réellement la réunion des chefs des services de renseignements des pays bordant le Sahel organisée par le Général Mohammed Médiène « Toufik », chef du DRS la semaine dernière ? S’agit-il réellement d’une tentative de coordonner les efforts des maîtres espions régionaux, que l’on disait peu enclins à coopérer ? Ou bien sommes nous encore une fois en présence d ‘une manœuvre tactique algérienne visant à exclure les américains et leur allié marocain du dispositif, afin de tenter de désolidariser le conflit du Sahara Occidental de la question de la lutte contre AQMI ? La réponse est probablement un savant mélange de tout cela, tant le Maroc, qui n’a pas participé à la réunion, était au centre des débats. Curieux pour un pays, qui, selon Alger, ne « borde pas le sahel », et donc ne doit pas participer à une telle entreprise de coordination.
Cependant, il semblerait que les chefs des services des pays subsahariens aient déploré que le Royaume Chérifien ait été exclu, prenant le contre-pied des thèses algériennes en estimant que le conflit du Sahara Occidental est un « facteur favorisant l’expansion d’AQMI». S’exprimant sous couvert d’anonymat, un responsable des services de renseignement de la région a estimé que le « Maroc, avec lequel tous les pays sahélo-sahéliens entretiennent de bonnes relations, doit contribuer de part sa bonne connaissance des mécanismes, des ressorts du Salafisme et du Djihadisme, sans compter qu’il rassure les américains, qui tiennent ses responsables sécuritaires en haute estime ». Il ya donc une équation à plusieurs inconnues ainsi qu’un dilemme à résoudre pour le « sphinx » Mohammed Médiène « Toufik », tout-puissant inamovible patron du renseignement algérien. Alors que la presse internationale bruisse de ses ambitions présidentielles, l’homme fort de l’Algérie ne doit-il pas s’ouvrir un peu vers l’ouest, afin de se positionner comme celui capable d’améliorer les relations avec le Royaume Chérifien ? En effet, comment faire sans cet allié précieux alors qu’AQMI recrute de plus en plus au sud du sahel, ce qui change la constitution des membres de ses « katibates », ces derniers étant de moins en moins des arabes, et de plus en plus des subsahariens. Seul le Maroc est en effet à même de pouvoir allumer un contre-feu religieux grâce à l’aura de ses confréries soufies, et notamment celle de Ahmed Al Tidjani, très puissante dans la sous-région. Dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, L’Algérie est certainement à la croisée des chemins, alors même que sa situation interne est loin d’être réglée, avec près d’un attentat d’envergure par mois, le dernier en date datant du dimanche 2 octobre, au moment même où Alger lançait une campagne de promotion de sa politique de réconciliation nationale…


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