AQMI : Organigramme, origine et hommes clés



Les premiers groupes terroristes mauritaniens ont vu le jour dès 1992. Il existait au départ trois phalanges d'une cinquantaine d'hommes : El Hassim, Jemaatt Moussab Ibn Oumeïre et Katibatt El Djihad. Ces phalanges donneront naissance, dans les années 2000, à un groupe relativement homogène, nommé Al Mourabitoune. C'est ce dernier qui rejoindra AQMI, en 2006.
Pour comprendre l'éclosion de ses trois Katiba, il faut revenir deux ans plutôt : Début des années 1990, les islamistes mauritaniens projettent de créer un parti politique pour participer à la présidentielle de janvier 1992. Ce sera "Hizb El Oumma", le parti de la Oumma (Communauté des croyants). Ils décident de placer, à sa tête, Cheikh Mohamed
Ould Sidi Yahya, un imam populaire réputé pour ses prêches incisifs, dans lesquels il brocarde les dirigeants et les imams qui cautionnent leurs agissements. Aujourd'hui, on n'entend quasiment plus parler de lui mais, à l'époque, il était rarissime de monter dans un taxi sans entendre sa voix, ses cassettes faisaient le bonheur des mauritaniens, à la fois par leur ton drôle et leur langue populaire, à la portée de tous. Mais le président Maaouya Ould Taya a
refusé d'autoriser ce parti. Mieux, il place Ould Sidi Yahya et les principaux leaders de "Hizb El Oumma" en résidence surveillée. Certains militants gardent leur sympathie pour les leaders emprisonnés, d'autres se repartissent entre les formations politiques déjà autorisées et une minorité opte pour la lutte armée.
Ce cheminement est proche de celui observé en Algérie à la même période, même si Ould Taya a eu la clairvoyance de ne pas laisser le parti islamise installer ses tentacules comme ce fut le cas en Algérie. Cet effort louable n'empêchera pas la Mauritanie de devenir une cible prioritaire d'Al Qaïda et de subir ses attaques à partir de 2005, comme nous le verrons plus loin.
A bien des égards, l'expérience du voisin algérien est très similaire à la situation mauritanienne, d'où l'intérêt de remonter aux débuts des mouvements islamistes armés en Algérie et leurs évolutions, jusqu'à l'aboutissement inéluctable : Le lancement d'Al Qaïda au Maghreb Islamique, mouvement dont les rapports avec les islamistes mauritaniens ont commencé très tôt, avant de culminer lorsqu'une délégation, conduite par l'imam Abou Enès
Chinguity est parti au Mali afin de présenter "El Beï'a" (l'allégeance), à l'émir Moktar Belmoktar, n°2 d'AQMI. C'était il y a cinq ans. L'exposé qui suit est une tentative pour comprendre cette évolution.
FIS : Au commencement était le verbe
Tout a débuté en Algérie lorsque Moustapha Bouyali, vétéran de la guerre d'indépendance accuse le président Chadli Benjedid, dans un enregistrement sonore largement distribué, d'avoir dévoyé les objectifs initiaux des combattants, en permettant à une caste ultra-minoritaire de s'accaparer les richesses du pays. Dans la foulée, Bouyali annonce la création du Mouvement Islamique Armé (MIA), inspiré du courant de pensée "Takfir wal
hijra" (Anathème et exil, fondé en Égypte début des années 1970). L'objectif déclaré du MIA est le renversement du régime et l'instauration d'un Etat islamique. Nous sommes en 1979, la révolution islamique iranienne vient tout juste de commencer et les radicaux sunnites de par le monde, jaloux du "succès" des chiites, rêvent de reproduire le même modèle, chacun dans son propre pays.
En 1982, le MIA réalise sa première opération en attaquant une gendarmerie, il entre aussitôt dans la clandestinité. Peu après l'attaque, les autorités arrêtent l'idéologue du groupe, un jeune imam algérien dont les parents sont originaires de la Mauritanie, inconnu jusque là des services de renseignement. Son nom : Ali Belhadj. Plus tard, il fera parler de lui comme étant celui qui a réussi à mettre son pays à feu et à sang, sans jamais tenir d'arme entre
les mains. Sa seule arme : un verbe très haut et un charisme hors norme. Du haut de sa frêle silhouette, cet homme, à l'allure d'éternel adolescent (il est imberbe), sera l'inspirateur idéologique de tous les islamistes algériens, jusqu'à nos jours.
Mais pour l'heure, ce n'est qu'un imam quasiment inconnu en dehors de son quartier. Après sa première arrestation, il restera en prison jusqu'à 1987. Peu après sa libération, il apprend que Bouyali a été abattu dans le maquis, par l'armée. Il reprend alors ses prêches dans les mosquées d'Alger, principalement celle de Souna, dans le quartier de Bab El Ouad. C'est d'ailleurs dans cette mosquée, le 18 février 1989, qu'il fonde un parti politique, le Front
Islamique du Salut (FIS), avec Abassi Medani, un professeur de sociologie à l'université d'Alger.
Le FIS est agréé le 6 septembre de la même année par le ministère de l'Intérieur. Lors des municipales de 1990, premières élections libres en Algérie depuis l'indépendance, le FIS remporte 953 communes sur 1539 et 32 wilayas sur 48. Le 26 décembre 1991, a eu lieu le premier tour des législatives. Le FIS obtient 188 sièges sur 231, soit plus de 81%. Le Front des Forces Socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, bien implanté surtout en Kabylie,
obtient 25 sièges. Le Front de Libération Nationale (FLN, parti au pouvoir) n'obtient que 15 sièges et les candidats indépendants remportent 3 sièges.
Prenant acte de la situation qui prévalait, et qui risquait de tourner à son désavantage, l'armée décide d'agir, sous l'impulsion des généraux Khaled Nezzar, ministre de la défense, Mohamed Betchine, conseiller à la présidence et Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'armée nationale populaire (ANP). Ce dernier ne doit pas être confondu avec son homonyme, le Général Smaïn Lamari, n°2 du Département de Renseignement et de Sécurité (DRS,
Renseignements militaires algériens).
L’armée intervient
C'est ainsi que l'armée décide, le 11 janvier 1992 de pousser le président Benjedid à la démission et d'interrompre le processus électoral. Les communes dirigées par le FIS sont par ailleurs dissoutes et les militants et sympathisants de la formation, qui vient de remporter le premier tour du scrutin législatif, sont emprisonnés ou expédiés dans des camps établis dans le sud saharien.
Depuis sa création, le FIS a toujours compté deux courants : les modérés, partisans d'une participation aux élections et les ultras, qui pensent que le pouvoir s'arrache uniquement par la force. La dissolution du FIS consacre définitivement la victoire de ces derniers qui s'engagent résolument dans la lutte armée, suivis peu à peu par les
sympathisants du FIS, alors que se multiplient les exécutions extrajudiciaires d'un côté comme de l'autre. La seconde guerre d'Algérie venait de commencer, elle fera entre 100.000 et 200.000 victimes selon les statistiques.
A Alger, après une transition de quelques jours, conduite par l'avocat Abdel Maleck Benhabylès, président du conseil constitutionnel, les généraux amènent Mohamed Boudiaf, l'un des héros de la guerre d'indépendance, de son exil marocain et le proclament chef de l'État. Six mois plus tard il perd la vie, victime d'un attentat. La situation s'embourbe mais les militaires réagissent rapidement : ils mettent en place un Haut Comité d’État (HCE)
et placent à sa tête le diplomate Ali Kafi. Ce dernier est également Colonel, grâce à sa participation à la guerre d'indépendance. Le HCR conduit une transition de deux ans au terme de laquelle une présidentielle est organisée. Elle sera gagnée par le général Liamine Zéroual, alors ministre de la défense.
Pendant ce temps, dans le maquis, c'est l'effervescence. Après la mort de Bouyali, son bras droit, Saïd Makhloufi, prend la tête du MIA. Fin 1991, il fonde le Mouvement pour un État Islamique (MEI) et cède la direction du MIA à Abdelkader Chebouti, figure respectée du mouvement islamiste algérien même s'il a toujours gardé ses distances avec le FIS.
La première opération terroriste d'envergure semble être l'attaque de la caserne de Guemar en novembre 1991 (un mois avant les législatives). Les terroristes sont partis avec une bonne quantité d'armement après avoir tué 27 soldats. Cette opération constitue une référence et un acte fondateur qui revient souvent dans la littérature terroriste. Dans la même période, Medani Mezrag (Abou El Heïthem), un ancien du FIS, crée l'Armée Islamique du Salut (AIS) que le FIS reconnait comme étant sa branche militaire officielle. Peu après, Abdelwahab Lamara,
lui aussi ancien militant du FIS, crée le Front Islamique pour le Djihad Armé (FIDA).
GIA : Les racines du mal
Début 1992, peu après la suspension du processus électoral, des délégués du MEI, de l'AIS et du FIDA ainsi qu'un représentant de la Ligue Islamique pour la Daâwa et le Djihad (LIDD, créée quelques mois plutôt par Ali Benhajar) se réunissent, quelque part dans le massif blidéen, à une cinquantaine de kilomètre d'Alger. Seul le MIA de Chebouti décide de ne pas rejoindre l'entité dont les contours commencent à se dessiner. Les délégués décident
d'unir leurs forces en un seul et unique mouvement. Cette réunion est l'acte fondateur du GIA. Dix émirs se succéderont à la tête du mouvement :
0- Mohamed Allal (Mohamed Levéilly, plus connu dans la presse occidentale sous le nom Moh Levéilly) a dirigé le groupe entre février 1992 et août 1992. Pendant les mois où il est théoriquement à la tête de ce qui n'était pas encore le GIA, il s'est employé à amener les chefs des différents mouvements armés à s'asseoir autour d'une même table et à opté pour un commandement unifié. Il réussi à programmer une première réunion mais l'armée,
informée, attaque, le lieu de la réunion. Moh Levéilly réussit à s'enfuir mais beaucoup de ses amis furent abattus. Il réussit néanmoins à mettre en place une seconde réunion qui devait, enfin, lui permettre d'unifier les différents courants, mais il sera abattu peu avant.
Cette réunion consacre donc la naissance du GIA et la mise en place de "Mejlis Choura", le conseil consultatif qui désigne, entre autres, le chef du mouvement et qui dispose de la possibilité de le déposer, s'il s'avère que l'émir outrepasse ses prérogatives. Nous verrons plus loin que cette disposition servira à un n°2 pour écarter le chef et prendre sa place. C'est l'unique cas, dans les annales du mouvement, où une alternance au sommet s'est déroulée
sans effusion de sang (les deux acteurs de cet épisode sont encore vivants comme on va le voir). Dans tous les autres cas, ou bien un adjoint assassine son chef et prend sa place, ou alors le chef est abattu par l'armée ou un groupe rival, contraignant le conseil à designer son successeur. Nous sommes donc début 1992 et la première décision du conseil a été la désignation, à la tête du GIA, de Abdelhagh Layada, bras droit de Moh Levéilly.
Une controverse oppose les historiens algériens concernant le listing des chefs du GIA, certains soutiennent que c'est Moh Levéilly le premier et d'autres optent, au contraire, pour Layada. Dans l'exposé qui suit, c'est l'option "Layada" qui a été privilégiée étant entendu que, à la mort de Levéilly, le label "GIA" n'était pas encore né, même si, dans les faits, le groupe était déjà opérationnel et ses hommes s'étaient quasiment tous mis d'accord pour s'unir.
En outre, l'option "Levéilly" a un inconvenant : Avant sa tentative d'unification, ce dernier dirigeait un groupuscule armé dont il a pris la tête en succédant à Nouredine Sellamna, lui même héritier de Mohamed El Kheïr... etc. Voilà pourquoi le choix a été porté, lors de ce texte, sur Abdelhagh Layada comme point de départ du GIA, vu qu'il est le premier émir national d'un groupe ayant porté ce nom.
1- Abdelhagh Layada (Abou Adnane) est donc le premier émir national du GIA qu'il a dirigé entre septembre 1992 et juin 1993, date de son arrestation au Maroc. C'est lui qui préside la réunion constitutive du mouvement, à laquelle ont pris part Mansouri Meliani, Ali Zouabri (le frère d'Antar, un futur émir), Djafar El Afghani, Omar Chikhi et Sid Ahmed Lahrani. C’est ce dernier qui a proposé le nom de Groupe Islamique Armé (GIA). Il est également décidé de découper le pays en cinq zones (Nord, Sud, Est, Ouest et Centre). Chaque participant est
désigné émir de zone. Layada est nommé émir national. Aussitôt, il fait part aux algériens établis en Afghanistan de sa volonté d'entrer en contact avec les idéologues salafistes, à Londres, tels Moustapha Setmeriem Nacer et Abou Qatada Al Filistini, afin d'assurer sa communication. Une délégation est spécialement dépêchée pour le voir et une rencontre est programmée, en dehors du territoire algérien.
Alors qu'il est au Maroc pour une réunion avec Saïd Kari, Heouari Ould Moumène et Ahmed El Oued, venus spécialement de Peshawar pour le rencontrer, Layada est arrêté. Il sera extradé en Algérie en septembre 1993 avant d'y être jugé et condamné à mort pour son rôle dans la guerre civile. En mars 2006, il est gracié par le président Abdelaziz Bouteflika, dans le cadre de la politique dite de "réconciliation nationale".
2- Aïssa Ben Ammar n'est resté à la tête du GIA que deux mois (juillet et août 1993). Il sera abattu lors d'un accrochage avec l'armée algérienne.
3- Sid'Ahmed Mourad (Djafar El Afghani) est resté émir du GIA entre août 1993 et février 1994, il a été lui aussi abattu par l'armée.
4- Chefir Ghousmi (Abou Abdallah Ahmed), émir de mars 1994 à octobre 1994, là encore abattu par l'armée. Pendant les mois où il est resté à la tête du GIA, il a redéfini la stratégie : Redécoupage de la carte en neuf zones au lieu de cinq (plus l'étranger, que l'on peut considérer comme une dixième zone). Désormais, les émirs auront
chacun un territoire plus restreint mais disposeront de prérogatives plus larges. C'est également sous la direction de Ghousmi que le GIA devint le groupe le plus en vue. En mai, son prestige grandit avec l'allégeance du MIA. La capacité militaire de ce groupe s'est beaucoup amoindrie au fil des ans mais son prestige est resté intact vu que c'est le groupe du mythique Bouyali, d'où la nécessité de sa cooptation par le GIA, ne serait-ce que pour des
besoins de communication.
5- Moustapha Tajine, lui, n'a dirigé le mouvement que quelques jours, le temps d'assurer l'intérim en attendant la désignation, par "Mejlis Choura", le fameux conseil des sages, du futur émir, Djamel Zitouni.
6- Djamel Zitouni (Abou Abderrahmane Amine) restera à la tête du GIA jusqu'à son assassinat en juillet 1996, lors d'une embuscade organisée par un groupe islamiste rival. Outre les "habituels" attentats en Algérie (faux barrages, assassinats de journalistes, embuscades visant les forces de sécurité... etc.), Zitouni a réussi à exporter sa
guerre sur le territoire français :
i) Noël 1994, détournement de l'Airbus Air France reliant Alger à Paris, par quatre membres du GIA. La prise d'otages se soldera par la mort des terroristes et par celle de trois passagers, exécutés pour faire pression lors des négociations avec les gouvernements algérien puis français. La prise d'otages est initiée à Alger, où l'appareil, transportant 220 passagers, stationne deux jours ; l'avion décolle ensuite vers Paris mais doit faire une escale à
l'aéroport de Marignane, près de Marseille, pour ravitaillement en carburant. Au cours de l'escale, le GIGN donne l'assaut et met fin au détournement. Treize personnes sont blessées lors de cette opération. Cet événement a entraîné l'arrêt des vols Air France vers l'Algérie jusqu'en 2003.
ii) Été 1995, Paris est frappé par une vague d'attentats organisés par le GIA. Entre juillet 1995 et octobre 1995, le métro et le RER parisiens sont touchés par huit attentats à la bombe qui feront 10 morts et près de 200 blessés. En raison de ces attentats, Paris suspendit l’application des accords de Schengen, qui venaient d’entrer en vigueur et ne lèvera les contrôles aux frontières qu’en mars 1996.
iii) Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines trappistes du Monastère de Tibhirine (près de Médéa, à 100 km au sud d'Alger) sont enlevés et séquestrés pendant deux mois. Leur assassinat est annoncé par le GIA le 21 mai 1996. Les têtes des moines décapités sont retrouvées dix jours plus tard, non loin de Médéa.
7- Antar Zouabri (Abou Talha), bras droit de Zitouni, a pris la tête du GIA à la mort de ce dernier, jusqu'à ce qu'il soit à son tour abattu par l'armée, en février 2002. Sous son règne, une nouvelle page, encore plus sanglante (si tant est qu'il existe une hiérarchie dans l'horreur) allait s'ouvrir. Zouabri décréta que tout musulman qui ne viendra pas en aide au GIA est excommunié et est donc susceptible d'être assassiné, c'est ce que les historiens
appellent "le glissement du GIA du Salafisme djihadiste vers le Takfir". Il organisera des massacres collectifs de civils durant la seconde moitié de 1997 où l'on dénombre près de 1.000 morts dont la moitié est constituée de femmes et de nourrissons. Naturellement, les biens de ses victimes sont confisqués car considérés, dans sa logique, comme butin de guerre.
A partir de là, plusieurs membres fondateurs du GIA annoncent leurs retrait de la structure dirigeante. Le premier a été Kader Benchicha (Abou Abderrahim Bakhaled Selefi), à l'époque émir de la zone Ouest. Il annonce le retrait de ses hommes et la création d'un groupe à part, ce sera l'éphémère Groupe de Défenseurs de la Prédication Salafiste (GDPS) dont il prend la tête avant d'être tué en septembre 1996, par les hommes de Zouabri. Son lieutenant Mohamed Ben Selim El Mekni (Abou Djafar Mohamed Selefi) le remplace. Il en sera le dernier émir.
D'autres émirs quitteront le GIA, comme Ali Benhajar qui s'est rendu aux autorités, bénéficiant ainsi d'une amnistie. Benhajar, leader de la LIDD, est membre fondateur du GIA. Un autre membre fondateur, Medani Mezrag (Abou Al Heïthem), leader de l'AIS (branche armée du FIS), quitte lui aussi le GIA. Mezrag, sans aller jusqu'à la reddition, décrètera tout de même un cessez-le-feu unilatéral qui entrera en vigueur début octobre 1997
(nous verrons plus loin que la main des renseignements n'était pas loin de cette annonce).
Pour les punir, Zouabri lance les fameuses purges : Tout membre du GIA soupçonné de sympathie envers les "traitres" (ceux qui ont quitté le groupe) sera jugé, condamné à mort et exécuté séance tenante. La folie meurtrière de Zouabri poussera certains de ses lieutenants à prendre leurs distances avec lui et à songer à la création d'un nouveau mouvement, ce sera le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, le GSPC.
Dans les années qui vont suivre, bien que les émirs qui succèderont à Zouabri soient tous labellisés GIA, le centre de gravité de l'islamisme combattant se déplacera néanmoins vers le GSPC, même si le GIA continuera à vivre.
8- Rachid Oukali (Abou Tourab) est intronisé à la mort de Zouabri en février 2002. Il règnera jusqu'à son assassinat, par certains de ses proches, en juillet 2004.
9- Nouredine Boudiaf (Hakim-RPG) prendra le pouvoir et y demeurera de juillet 2004 à novembre 2004, date de son assassinat dans des conditions obscures. Certains diront que c'est l'armée mais c'est peu probable, vu que les autorités se sont désintéressées du GIA depuis la mort de Zouabri, préférant se consacrer à la lutte contre le nouvel ennemi fort, le GSPC. Une autre hypothèse, la plus probable, évoque son assassinat par un proche désirant reprendre sa place, comme c'est souvent le cas à cette période où la durée de vie à la tête du GIA est très limitée et où tous les chefs veulent mettre la main sur les finances du groupe.
10- Châbane Younès (Abou Ilyès), successeur de Hakim-RPG à la mort de ce dernier en novembre 2004, est resté seulement quelques jours à la tête du GIA. Début décembre 2004, il est abattu par un rival. Il sera le dernier émir du GIA.
(A suivre)

0 التعليقات:

إرسال تعليق